Ainsi va la vie
Je n’ai pas beaucoup voyagé depuis ma naissance…
Je suis allé sur chaque continent, mais j’en veux plus, je voudrais être libre.
Pour tout dire j’ai fait le tour du monde.
Mais j’ai, avant tout, fait le tour de mon manège…
Depuis plus de 100 ans, je tourne, je tourne sans jamais m’arrêter. Enfin si je m’arrête à chaque changement de passager sur mon dos. Des enfants pour la plupart. Ils sautent sur moi avec un grand sourire. Ça devrait me suffire, mais il n’en est rien.
Je n’ai pas changé depuis ma création. Mes couleurs se sont peu a peu effacées, mais mon propriétaire, un vieil homme d’une soixantaine d’années, m’a repeint avec beaucoup d’amour. Je suis une œuvre d’art, mais je m’en fiche.
Ce manège est ma maison, il tourne depuis 100 ans, c’est un peu grâce à moi, mais je suis égoïste car mes compagnons, les autres chevaux, tournent et sont très beaux eux aussi.
Je suis peut être né pour ce manège, mais le quitter ne me ferait rien, ni chaud, ni froid.
Moi qui ne suis fait que de bois peint.
J’en rêve depuis que ma cinquantaine est passé. Je rêve de devenir libre, de pouvoir m’envoler, comme le font les oiseaux que je vois passer toute la journée au dessus de moi.
Mais je suis ici et rien ne pourra y changer. Je tournerai jusqu'à ce qu’une de mes pattes se brise et que je devienne irrécupérable, et a ce moment-là je serai libre. Je finirai ma vie ainsi, je le sais et je le sais depuis que je suis né.
Toute vie est écrite et j’ai été créé pour un temps limité. On peut décider pour les autres de leur vie.
On a décidé de la mienne.
« Tourne, Tourne joli cheval. Sur ton dos je me sens libre. Libre comme l’air ! »
C’est ce que m’a dit un jeune garçon de huit ans. Il y a de nombreuses années. Il s’est penché sur mon encolure et m’a murmuré ces mots à l’oreille.
« Tourne, Tourne joli cheval. Sur ton dos je me sens libre. Libre comme l’air ! Tu ne m’as pas oublié, je suppose. Toi qui as souris en m’entendant. »
C’est ce que m’a dit un vieil homme d’au moins soixante dix ans. Il s’est penché sur mon encolure et m’a murmuré à l’oreille :
« Je viens mourir sur ton dos, comme j’ai grandi sur lui auparavant. »
Il a fermé les yeux et ne les a pas rouverts. J’ai souri, et ma patte arrière s’est brisée.
NDA:
- Spoiler:
Je me suis inspiré d'une nouvelle que j'ai lu il y a plusieurs années.
Mais dans cette nouvelle les chevaux de bois avaient put partir grave au soleil qui les a emmené faire le tour du monde en meme temps que lui.